Sissy Vanère - Artiste Peintre - Graveur
Membre de la fondation Taylor

PEINTRE ÉCHOS-DIDACTE

J’ai appris en cheminant (et je chemine encore), sur les traces de mes prédécesseurs, de ceux dont les récits de voyage ont trouvé échos en moi, tantôt en promenade, glanant, tantôt en exploration, m’aventurant ; toujours m’émerveillant.
Ces échos, je les ai accueillis comme un héritage. Un héritage, il faut d’abord l’accepter, et l’accepter comme tel (pas si simple) ; ce n’est pas une relique, le faire fructifier avec respect mais librement, pour léguer à son tour un quelque chose, singulier, digne d’être transmis et reçu, qui ne se serait pas fait exploser lui-même, telle une vessie (qui n’est pas une lanterne), gonflée de décalages sémantiques et de voyeurisme narcissique.

Résonnent en moi, les dessins venus du fond des âges, des grottes paléolithiques, et les rêves des aborigènes d’Australie…
Résonnent en moi, les figures du Haut Moyen-Âge (Roman)
Résonnent en moi, les taches, les lignes fluides des encres d’Asie
Résonnent en moi, les couleurs vibrantes des Impressionnistes et celles des Fauves
Résonnent en moi, les signes des « Abstraits Lyriques. »

Il y avait dans mon balluchon quelques savoir-faire.
-Dessiner (saisir sur le vif…)
-Danser (ressentir un mouvement se déployer dans tout le corps…)
-Chanter (moduler le souffle…)
-Composer un morceau de musique (harmonie, contrepoint, rythme…)
-Jouer la comédie (ça peut toujours servir… prendre le risque d’être là….)

En 2012, j’ai posé mon balluchon, pour aller explorer la matière de plus près, dans quelques ateliers de gravure, de lithographie et de sérigraphie. Afin de :
-regarder ce que le voile exhibe et recouvre ; le manque est derrière et sur le voile ;
-triturer la matière dans une cuisine quasi alchimique, pour que, après la caresse de l’encre, la matrice nous livre cet instantané : l’impression ;
-contempler l’impression : image-réminiscence ; empilement de strates où se glissent par bribes des indices d’une Présence. Ils indiquent puis se taisent, se montrent et disparaissent.

« L’estampe possède en soi un caractère énigmatique qui tient à sa puissance d’abstraction.
Elle ne lutte pas d’émulation avec la vie. Elle la transpose dans un registre à deux notes dont
les accords sont plus impérieux que les vastes ressources de la gamme colorée. Force concentrée, elle agit en profondeur.[…] Perpétuel contraste de la nuit et du jour, tirant de ce contraste même
tout son ascendant sur nous, elle donne à l’ombre une transparence presque sonore, à la lumière
un éclat plus étrange que la lumière terrestre. […] Non seulement elle est faite pour glorifier l’individualité de l’artiste, mais il est impossible à l’artiste de ne pas inscrire sur la planche
son individualité la plus intime. »

Charles Baudelaire